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L’exploration de Soi : une capacité à s’ouvrir au(x) monde(s)

15 mars 2021 Pas de commentaires

Pour bien se comprendre, l’être humain a besoin de parler le même langage. Je vais donc tout d’abord définir ce que représente pour moi la définition du thème de cet article.

Ce que j’entends par l’exploration de soi, c’est cette possibilité que nous nous accordons à mieux apprendre à se connaître, peu importe la technique utilisée.

Les yoga-sutras énoncent huit membres à mettre en pratique pour atteindre l’état suprême que peut apporter le yoga tel qu’il a été développé et transmis à son origine, c’est-à-dire, un état d’être éveillé. Pour rester objectif et impartial dans l’éventuelle critique de cette vision, pensons à remettre ceci dans son contexte culturel, sans amener aucun jugement.

Parmi ces membres, nous retrouvons des principes qui ont traits à des attitudes personnelles, les « Niyamas ». On considère cinq « Niyamas » dans les yoga-sutras dont fait partie  « Svadhyaya », l’étude de soi, l’étude par soi-même.

En mettant en pratique les asanas, ce que nous avons pris pour habitude (à tort) de nommer yoga, nous nous relions à notre corps, ce véhicule qui constitue le socle, la fondation de notre Être dans ce monde manifesté.

Il y a peu de temps, j’ai pu partager un échange sur le sujet du chemin du yoga. Ainsi, j’ai reçu un témoignage d’une personne qui suit les cours que j’anime depuis un peu plus d’un an. Elle a débuté la pratique posturale du yoga il y a environ 3 ou 4 ans déjà. Pour la commodité de cet article, je vais nommer cette personne Line pour garder son anonymat, avec son accord.

Line m’expliquait comment  elle a progressivement découvert les apports d’une pratique régulière et consciente du yoga. Elle discerne de plus en plus le yoga comme un mode d’exploration personnelle. Elle fait aussi le constat d’une similitude avec la photographie et la musique, étant elle-même passionnée par ces mondes.

Ainsi, elle évoque une citation de BKS Iyengar (1918-2014, maître indien de yoga) : « la photo ne change pas seulement la manière dont on voit les choses, elle transforme la personne qui les voit ». Puis, elle fait un lien avec une citation de Yehudi Menuhin (1916-1999, violoniste américain) : « la pratique du yoga nous ramène à notre propre corps, notre premier instrument, et nous apprenons à en jouer, à en tirer le maximum de résonance et d’harmonie ».

Pour ma part, j’ai fait le choix d’une exploration personnelle par la voie du yoga, en ayant débuté par la pratique des asanas.

Quoi de plus simple et de plus facile à approcher que notre corps …. Il est tout le temps là, disponible, et nous pouvons apprendre à l’explorer à chaque instant, quand bon nous semble. Qui plus est, le yoga offre une voie de santé physique et mentale pour nous amener ou nous maintenir dans un équilibre optimal.

Pourtant, ce premier instrument, comme le cite Yehudi Menuhin, est très mal connu pour la majorité des êtres humains. Bon nombre d’entre-nous ne savons pas jouer mélodieusement de ses accords.

J’ai moi-même été dupé par mon mental qui croyait savoir, qui me disait « Je me connais très bien et je connais mes limites, mes capacités ….. Comment pourrais-je recevoir leçon de quelqu’un d’autre que moi sur ce sujet ? » Ah, l’impétuosité de la jeunesse !

En ces temps là, je connaissais très peu la philosophie du yoga ou bouddhisme, cependant, j’avais déjà une forte attirance pour m’y intéresser …. ce que je fis un peu plus tard, fort heureusement.

C’est ainsi qu’après avoir dépenser des énergies colossales dans des pratiques sportives intenses, je me suis ouvert à la voie du yoga. Voilà à peine plus de dix ans que j’ai commencé à le pratiquer régulièrement.

Nous avons tous la même anatomie, certes, et pourtant, nous ne sommes pas tous dans les mêmes capacités, qu’elles soient physiques, cérébrales ou émotionnelles.

D’ailleurs, comment se fait-il que nous ne soyons pas tous égaux à la naissance, que nous n’ayons pas tous le même capital santé et vitalité ? Je ne vais pas m’attarder sur ce sujet qui peut faire à lui seul l’objet d’un article, voire même d’un long traité philosophique !

Revenons simplement aux faits : apprendre à se découvrir, à se connaître à travers notre premier instrument, notre corps ! Il est la racine de l’exploration de Soi.

Voilà où m’a ramené le yoga, en tous cas, les asanas dans un premier temps … dans mon corps. Et apprendre à bien connaître son corps est une aventure sans limite.

Puis, au fur-et-à-mesure que se développe la pratique constante et régulière du yoga, avec toute sa philosophie, s’ouvre une nouvelle compréhension du monde extérieur et, de notre monde intérieur, le Soi ; tous deux sont évidemment intrinsèquement liés. Voici donc ici l’explication du pluriel mis entre parenthèses « une capacité à s’ouvrir au(x) monde(s) » !

L’exploration de Soi passe donc, pour moi, en premier lieu par l’exploration et la connaissance de notre corps physique car c’est par ce corps que nous nous incarnons et que nous vivons les expériences. Graduellement se révèlent à nous les autres aspects de notre Être.

Sur le chemin de la pratique posturale du yoga, nous affinons de plus en plus cette connaissance corporelle et parfois nous jouons avec certaines limites. Nous avons d’ailleurs échangé sur cet aspect de la pratique du yoga avec Line. Comme elle le soulignait, il est nous est parfois nécessaire de dépasser nos limites pour apprendre à les reconnaître … encore est-il bon de les dépasser sans se blesser ou sans créer de causes de souffrances.

Il n’y a rien de juste, et rien de mauvais en soi ! Nous sommes bien d’accord que même une blessure nous enseigne. C’est propre à chaque individu et en relation avec des périodes de vie et des tempéraments. Cependant, un bon équilibre s’exerce, se travaille et se raffine avec notre pratique.

Il y a un principe dans les yoga–sutras qui fait partie des « Yamas », les principes relationnels, et qui est « Ahimsa », la non-violence : ce principe s’applique aussi bien aux autres qu’à soi-même !

Comprenons bien qu’un des objectifs principaux du yoga est enseigné dans cet aphorisme-ci :

II.16 « Heyam Duhkham anagatam » : La souffrance non encore survenue doit être évitée.

Beaucoup de grands maîtres et d’enseignants transmettent à l’apogée de leur connaissance une forme de modération qui débouche sur la sagesse.

La modération peut nous sauver de la souffrance … ceci n’implique pas de rester dans des zones de confort, ceci implique d’être à l’écoute attentive pour continuer de progresser et d’élargir ses limites sans se blesser, ou blesser autrui. Une telle pratique relève du discernement intérieur et de la non-violence en gardant le feu de la motivation et de l’enthousiasme.

« Patience est mère de vertu ».

Pas facile de vivre avec une telle éthique de nos jours où presque chaque désir peut être assouvi à coup de clic à travers une souris d’ordinateur.

La Nature vit à son rythme et ne peut être modifiée par les envies égoïstes des Hommes.

Tout est absolument parfait dans la vie à condition de vivre en son sein et non à l’extérieur ou derrière des voiles d’illusion.

(Photo en-tête issu du site PxHere)

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