Le yoga, une voie d’exploration de soi
« Se plonger dans l’histoire du yoga serait comme faire de la plongée sous-marine dans les eaux boueuses du Gange » citation d’Anne Cushman, enseignante américaine de yoga et de méditation, écrivain.
On retrouve parmi les premières traces écrites concernant le yoga un des textes mystiques les plus importants de la culture indienne (cf. article), rédigé entre le Vème siècle et le IIème siècle av. J-C, la Bhagavad-Gita (le chant du bienheureux) qui relate sous forme de poème le dialogue entre un jeune guerrier et un dieu du panthéon indien.
Ce dernier révèle au jeune guerrier l’essence du yoga.
Ultérieurement, entre le IVème siècle av. J-C et le IVème siècle de notre ère, nous devons à son auteur, Patanjali*, une compilation d’aphorismes, le Yoga-Sutra, inspiré de textes très anciens, les Védas. Le Yoga-Sutra répertorie les enseignements éternels d’une voie de sagesse, celle du yoga.
Le yoga est un des six systèmes philosophiques classiques de l’Inde et c’est un moyen privilégié de découverte de soi.
En accord avec ces aphorismes – et contrairement aux idées reçues-, la pratique des asanas (les postures de yoga) ne constitue absolument pas le fondement de ce que l’on nomme communément de nos jours le yoga.
Pourtant, la création de toutes ces extensions très contemporaines du yoga, avec les nouvelles lignées qui en découlent, reflète la qualité de cet art vivant et surtout malléable. Cette plasticité de la discipline permet de répondre au mieux aux différents profils culturels et à la diversité des besoins actuels.
Gardons tout de même en tête la finalité première de cet art qui nous enseigne la compréhension de la réalité et de l’illusion que l’on s’en fait, pour accéder à la libération de l’âme, Moksa.
Dans l’hindouisme (tout comme dans le bouddhisme, ou encore d’autres philosophies ou religions), on évoque les cycles de renaissances appelés Samsara. Une des conséquences ultimes du yoga est de nous libérer de ce cycle. Cependant, pour accéder à Moksa, il nous faut tout d’abord développer ou acquérir une conscience approfondie de nous-mêmes.
A l’image de la Danse de Shiva, qui engendre la destruction et la création dans le même mouvement, le yoga nous permet d’écraser l’ignorance pour nous révéler la Conscience du Tout.
Quand bien même nous n’adhérerions pas à la philosophie première du yoga, les outils mis à notre disposition dans la pratique nous permettent d’explorer notre Être sous toutes ses coutures et de devenir ainsi plus attentifs et réceptifs aux signaux des différents corps (physiques et subtils) pour maintenir au mieux une bonne santé. C’est par cette attention et cette présence à nous-mêmes que nous pouvons équilibrer ou rééquilibrer nos énergies.
Nos capacités d’adaptation sont vastes mais cela ne signifie pas pour autant que nous sommes en bonne santé et que nous nous sentons comblés et épanouis.
La joie et le bonheur découlent d’une connaissance très fine et profonde de soi, d’un état d’équilibre que l’on doit entretenir constamment.
La pratique du yoga nous offre cette possibilité de retour à soi, dans l’essence même de l’Être : l’Amour. Cet Amour nous fait prendre conscience du Tout, de l’interdépendance de toutes choses et de tous les êtres vivants.
Bien sûr, l’environnement proche peut influencer considérablement nos émotions et notre bien-être. C’est l’une des conditions de la nature humaine. On peut alors se demander légitimement quel est l’intérêt de pratiquer le yoga si l’environnement immédiat ne change pas lui aussi ? Gandhi a affirmé : « Sois le changement que tu veux voir dans le monde ». En d’autres termes, cela commence par soi ! Et oui, cette quête demande beaucoup d’engagements et de remises en question car c’est la méconnaissance de soi qui crée le trouble. Là encore nous éclaire la célèbre citation de Socrate « Gnothi Seauton » ou « Connais-toi toi-même ». C’est dire si dans nos cultures européennes nous avons aussi eu connaissance d’enseignements philosophiques qui ouvrent à l’Homme la voie de la liberté.
Quoi qu’il en soit, lorsque le trouble et le doute sont installés en nous, nous nous référons pour bon nombre d’entre-nous aux décisions et choix de masse, et nous complaisons aussi à rechercher à l’extérieur – avec le matérialisme et la dépendance que cela crée- une sensation pour combler notre vide intérieur.
Les valeurs du yoga nous ramènent tout simplement à l’essentiel et à notre juste place au sein de la vie. Nous découvrons alors que la joie et le bonheur véritables se trouvent dans la simplicité et la modération en toute chose.
Un maître de Kundalini Yoga (yoga de l’énergie primordiale), formulait à son tour cet aphorisme : « Nous ne sommes pas des êtres humains vivant une expérience spirituelle, nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine ».
Voilà qui résume simplement et efficacement ce qu’est le yoga dans son essence même, une voie qui nous permet d’accéder à des états de conscience plus élevés, pour vivre notre vie en harmonie.
*Les Yoga-Sutra, traité sur le yoga, sont de manière significative attribués à Patanjali. Il serait en effet le compilateur de ce recueil classique. Comme très souvent, le manque de datation précise et de traces écrites font défaut pour se prononcer avec certitude.