Un premier pas vers une vie nouvelle
La vie est un chemin d’expériences et parfois, on opère des changements drastiques de direction, d’orientation.
Je me souviens, cette nouvelle orientation a pris place pour moi en 2008, la trentaine passée. J’ai toujours ressenti un lien et une connexion avec l’Asie, particulièrement avec la Chine. Mais ce n’est pas immédiatement que je suis allé fouler les terres chinoises.
Mon approche des pays asiatiques a débuté avec un voyage touristique en tant que routard sur le sol cambodgien.
Ce premier voyage en immersion dans la culture asiatique m’a complètement transformé et ouvert mon regard sur le monde. C’est à ce moment là que j’ai compris la dureté et l’illusion de notre société occidentale : nous apprenons à courir dès notre plus jeune âge après un pseudo-bonheur matériel pour nous donner un semblant de ce que l’on nomme « la réussite ». Mais n’est-ce pas plutôt pour combler nos vides intérieurs ? Ou peut-être est-ce toute cette matière qui nous vide de l’intérieur ? Je ne dis pas que les objets sont dénués de sens et d’intérêts, j’évoque le sentiment de croire que nous pouvons être plus heureux avec plus d’objets ! Bref, le sujet peut être disserté en long et en large, ce qui importe, c’est de trouver sa propre voie.
La mienne passait maintenant par ce premier périple asiatique : un envol vers la capitale cambodgienne, Phnom Penh.
L’arrivée sur place fut immédiatement saisissante : la température, l’hygrométrie, l’agitation.
L’œil du voyageur ouvre des canaux d’attention et de perception tout à fait autre que pour les autochtones. Empreint au lâcher-prise et à la découverte, je m’apprête à fouler les pas de mon destin.
Je découvre ainsi quelques lieux fondamentaux de la vie citadine commune à tous les pays et toutes les cultures.
Je découvre un univers de vie cependant très déroutant, surprenant et captivant à la fois : un monde où le mouvement de vie ne semble pas assujetti à la rigueur et l’étroitesse d’esprit, un monde au contraire où tout est ouvert, où l’Homme semble encore être en lien avec une nature plus profonde.
Néanmoins, je ne suis pas adepte des grandes agglomérations et de tout leur brouhaha, et mon instinct me dicte de me rendre sur des lieux et des sites historiques, empreints de spiritualité. Car oui, je ressens depuis si longtemps en moi ce lien à la forme sacrée de la vie, celle qui fait peur très souvent aux esprits cartésiens (ceci dit, la rationalité n’exclut pas la spiritualité et vice-versa). Cet élément énergétique de la vie ne trouve pas d’équivalent linguistique pour être correctement et précisément traduit, exprimé ! C’est une sensation de vie, un parcours d’émotion qui relie l’être vivant à la Nature : c’est là tout le secret de la vie !
Me voici donc rapidement sur les lieux des merveilleux sites archéologiques des temples du Cambodge. Ils sont si nombreux et plus beaux les uns que les autres qu’il faudrait y passer une durée interminable pour les apprécier et les découvrir pleinement.
Comme tout bon routard, je fais escale dans des guest-house. Je m’imprègne du contact des propriétaires et des habitants. Je m’aperçois que le visage des enfants est rayonnant et ce, malgré « le peu » d’instruments et de jouets éducatifs qu’ils peuvent avoir. Comme quoi la joie et le bonheur de vivre ne tiennent pas à la profusion d’objets et de possessions. Tout est une question d’équilibre entre le monde de la matière et du subtil.
Je me retrouve très vite accueilli au sein d’une famille que je ne connaissais absolument pas ; ils m’ont très gentiment invité à leur « table » pour passer un moment en leur compagnie et échanger quelques mots sur nos différentes cultures. C’est aussi en quelque sorte un moyen pour ces personnes à bas revenus de voyager et de se distraire de leur quotidien, d’aller à la rencontre de l’autre.
J’ai tenté de profiter au mieux de ce court voyage de deux semaines pour en prendre plein les yeux, me remplir le cœur d’émotions et me laisser porter. J’ai arpenté les principaux chemins du pays pour sentir ces différences qui distinguent une région d’une autre. C’est dans ce pays que je me suis découvert une réelle passion et attirance pour la plus fabuleuse des épices, issue de la famille des pipéracées : le poivre, qui plus est, le fameux poivre de Kampot !
C’est dans une très belle et accueillante guest-house que j’ai pu humer les odeurs enivrantes des effluves du poivre qui séchait tranquillement pour être plus tard revendu sur le marché ou directement aux clients de la guest.
Bien sûr, j’ai aussi fait connaissance avec les petites surprises des voyages dans ces pays chauds et exotiques, où les bâtiments sont très perméables à toutes intrusions animales. J’ai donc eu le privilège de partager un soir ma chambre avec un magnifique rat dans une autre guest-house …. Cela m’a laissé très perplexe et moyennement rassuré pour dormir d’un profond sommeil sur mes deux oreilles : c’est à peu près à cette période que j’ai débuté la pratique de la méditation un peu plus intensément !
On comprend aisément pourquoi le hamac a une place très importante dans ces pays. Il ne protège pas de tout, mais il a son rôle.
Je me souviens d’ailleurs d’une journée où je me déplaçais pour visiter le fameux site d’Angkor Wat. J’ai toujours privilégié les déplacements à vélo ou à pieds, et les distances étaient très importantes entre plusieurs sites. Les premiers jours je me déplaçais donc à pieds, la chaleur était accablante. Bien sûr, la réserve d’eau que j’avais emporté n’était amplement pas suffisante. J’étais encore à quelques lieux de ma destination et ma force et mon courage s’étouffaient sous la chaleur et la moiteur. J’étais à bout de force ce jour-là ; heureusement, le parcours entre les deux temples cheminait à travers une petite forêt, l’ombre me prêtait main forte pour continuer la marche. Je rêvais à un moment précis de ces fabuleux hamacs pour me reposer de tout mon poids. Certains parleront de chance, je préfère le regard de la synchronicité où tout vient à point à qui sait attendre : quelques dizaines de mètres plus loin, au sorti d’un virage, au beau milieu de cette forêt, un hamac suspendu entre deux arbres était là, disponible au voyageur égaré et fatigué que j’étais ! Merci les anges qui m’ont accompagné ce jour-là et ont répondus à mon besoin. Je tiens à préciser que ce voyage a aussi eu lieu car je ne trouvais plus de sens dans ma vie quotidienne en France. J’étais arrivé à un point de rupture que l’on nomme aujourd’hui le burn-out, mais je ne le savais pas à ce temps là. Il me semble important de préciser cela car c’est très souvent quand nous sommes au pied du mur que la solution apparaît ou vient à nous, ou encore, que nous décidons de faire un premier pas !
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