|
|

Se mettre à l’écoute attentive du corps

9 janvier 2025 Pas de commentaires

Calme, immobilité, patience, observation, écoute ….. Voilà des maitres mots qui n’ont que très peu de place dans notre société contemporaine occidentale….quoiqu’à ce jour, il y a un certain éveil de consciences.

La plupart d’entre nous savons rendre service à des amis, des proches,  nous nous mettons au service d’un employeur, mais savons nous nous mettre attentivement à l’écoute de notre corps et à sa disposition ?

Définissons tout d’abord le principe d’une écoute attentive.

L’écoute attentive est notre capacité à nous rendre disponible, c’est-à-dire à faire abstraction d’une quelconque réflexion mentale qui aboutirait  à une analyse cérébrale volontaire pour en tirer une ou des conclusions.

Se rendre disponible dans l’écoute c’est accueillir ce qui est perçu par l’un ou plusieurs de nos organes de perception, et savoir rester le contemplateur du vécu, de l’expérience que l’on fait.

Parmi les huit branches répertoriées du yoga, qui font plus ou moins référence dans les enseignements des différentes écoles ou lignées, nous trouvons une branche ou un pétale que l’on nomme « Pratyahara » ; ce qui peut se traduire par « retrait des fonctions sensorielles ».

Le sutra II.59 du Yoga Sutra compilé par Patanjali au début de notre ère énonce ceci :

« svavisayasamprayoge cittasya svarupanukara ivendriyanam pratyaharah »

 « la maîtrise sensorielle survient lorsque les fonctions sensorielles sont dissociées de leurs objets propres, comme s’ils  se conformaient à la nature de l’esprit ».

Dans son ouvrage de traduction, de commentaires et de réflexions, Bernard Bouanchaud précise ceci pour éclaircir le principe de Pratyahara : « L’expression fonctions sensorielles représente ici dix éléments plus un. Outre les cinq sens de perception, l’ouïe, le toucher, la vue, le goût, l’odorat, cette maîtrise inclut également les cinq sens d’action : la parole, la préhension, la locomotion, la procréation, l’excrétion et aussi le mental qui coordonne l’ensemble des sens ».

Nous comprenons donc maintenant ce qu’est une écoute attentive : c’est l’entrée dans l’état d’Être !

De ceci découle notre capacité intrinsèque à pouvoir maintenir de la manière la plus appropriée l’homéostasie de notre organisme.  Car n’oublions pas qu’avant de pouvoir penser, réfléchir, comprendre et analyser, donc utiliser le corps mental, nous sommes tout bonnement des organismes vivants ! (Nous n’avons aucun pouvoir, et surtout aucun droit de vouloir contrôler la Nature pour nos seuls intérêts ! Servir uniquement  nos propres intérêts d’humains c’est se dissocier de notre relation à la Vie.)

Cette écoute attentive se traduit aussi dans la pratique posturale, les asana. Etymologiquement, la racine sanskrite de « asana » est « as » qui signifie s’asseoir. En d’autres termes, être stable, établi dans une position ferme, quelque soit la posture. Dans cet état d’assise s’ouvre alors à nous la possibilité de se relier à notre Force vitale, au principe de vie. Nous devenons alors réceptifs.

Définition de la vie (cf wikipédia)

« La vie est un phénomène naturel observé à ce jour uniquement sur Terre. La vie se manifeste à travers des structures matérielles appelées organismes vivants, ou êtres vivants, reconnaissables par la grande complexité de leur structure interne et leur activité autonome. »

Les termes phénomène naturel et se manifester sont d’une grande importance : en yoga, nous appelons cela Purusha, principe vital, esprit, pure conscience. (il existe encore d’autres définitions)

Il est de notre intérêt de nous reconnecter avec notre vie intérieure. Notre organisme corporel sait par nature ce qu’il a besoin pour vivre harmonieusement, mais, notre mental interfère trop souvent avec des analyses et des pseudos besoins qui nous éloignent de notre propre sensibilité et donc de notre capacité à nous équilibrer. Nous recherchons alors à l’extérieur ce que nous avons à l’intérieur !

Il nous incombe donc de faire ce qui doit être fait pour apprendre à écouter notre corps. Celui-ci communique constamment avec nous, mais sommes-nous constamment attentif à ses signaux ?

Il nous est très aisé de reconnaître à quel moment il va nous falloir nous restaurer, dormir, boire, nous n’avons pas besoin de nous poser la question !! Apprenons à écouter encore plus intimement d’autres signaux plus délicats et subtils à travers l’exploration minutieuse et consciente du corps pour reconnaître ce qui est juste pour notre équilibre. De cette approche simple dépend notre bien-être, mais cela ne signifie pas que c’est chose facile à mettre en œuvre de nos jours : c’est une hygiène de vie qui amène une qualité de vie.

Pour conclure, voici un extrait d’un des livres de Christophe André, « La vie intérieure » (p.148) :

Un équilibre à réajuster sans cesse

« Il est normal que notre esprit vagabonde ; le cerveau produit des pensées comme les poumons produisent des mouvements respiratoires, c’est son travail. Réfléchir, ce n’est pas fabriquer des pensées, mais choisir, parmi toutes les pensées qui arrivent à notre esprit, celles qui nous importent. C’est-à-dire porter notre attention sur elles, et la détourner des autres.

Le fonctionnement de l’attention est celui d’un équilibre, à réajuster sans cesse, entre focalisation délibérer et dispersion involontaire. Nous avons à faire preuve à la fois de vigilance et de tolérance par rapport à cette instabilité normale de notre attention. Il est inutile de s’en vouloir, ou de considérer la dispersion comme un échec ou la preuve d’une incapacité. Mais il est important d’offrir à notre esprit un environnement facilitant, d’appauvrir ou de tarir les sources de distractions : en éteignant les écrans, en écartant les engins qui bipent et qui sonnent, en préférant un environnement calme, sans musique d’ambiance ni bruits de fond. »

Bonne méditation à vous.

Lokah samastah sukhino bhavantu

Partagez à vos amis :


Apportez un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Défiler vers le haut
error: Le contenu est protégé.