Rétrospective d’une genèse : Récit de voyage #2

2008…
Je restais un ou deux jours dans la capitale pour m’adapter, non seulement au climat de ce pays mais aussi à cette effervescence, le temps aussi de prendre connaissance des lieux que je souhaiterais découvrir lors de ce voyage. J’endosse le sac à dos et me voilà en route pour me rendre au cœur de ce qui fait le trésor archéologique du Cambodge, les temples de Siem Reap, où se tient majestueusement, fondu dans la luxuriante végétation, le très célèbre Angkor Wat.

Je trouve un pied à terre à Siem Reap, une petite guest house cosy pour y séjourner quelques jours et visiter les temples de la région ; le site d’Angkor, couvert par environ 200 temples, s’étale approximativement sur 160 Ha de surface. Angkor Wat, le plus grand des temples, joyau du Cambodge, a été construit au XIIè siècle. C’est un des plus grands monuments religieux du monde et il a la particularité de mêler hindouisme et bouddhisme dans une époustouflante architecture.
Me voilà parti à la « conquête » d’un tout nouveau monde à mes yeux et mes sens …. Tel un pèlerin, une simple paire de tongs aux pieds, je m’engage sur les chemins qui mènent aux temples.
Je passe plusieurs jours ici pour aller découvrir à chaque nouvelle sortie ces merveilles de l’histoire humaine, qui continuent de dégager une ambiance sacerdotale et qui imposent l’émerveillement devant toute la beauté et la gloire de ces réalisations.
Connaissez-vous la magie de la Vie ? Ce qu’on appelle ces synchronicités ….
En voici une qui m’a fait sentir que nous sommes toujours accompagnés par ces anges qui veillent sur nous ! J’entame mon troisième jour de marche à travers le site archéologique. Les kilomètres déjà parcourus les jours précédents se font ressentir malgré la bonne condition physique que j’entretenais à cette période, agrémentés de la lourdeur inhabituelle pour moi du climat. Entre deux temples, il peut y avoir parfois une grande distance, vraiment grande !! Ce jour-là, elle était trop grande pour moi …. Je commençais à sentir la fatigue de mes pieds, où le contraste saisissant entre la légèreté de la poussière soulevée et mes pas qui devenaient de plus en plus lourds m’imposaient le besoin de me reposer. Seulement voilà, il n’y avait absolument rien au beau milieu de cette forêt luxuriante qui s’étalait à perte de vue, de part et d’autre tout le long du chemin. Dans ce pays, ce qui m’avait ébahi, c’était l’usage des hamacs que faisaient les autochtones dans n’importe quel endroit, je trouvais cela vraiment formidable : un lit pliable qui tenait dans la poche et qu’on pouvait installer pratiquement là où on le souhaitait, à l’unique condition d’avoir deux supports à distance appropriée.
C’est alors que je m’imaginais allonger dans un de ces hamacs, laissant mes jambes se reposer et mon esprit en faire de même, la fatigue était entrain de m’écraser littéralement et il n’y avait pas âme qui vive dans les parages, ni de circulation, si ce n’est un de ces phénomène à vélo qui transportait alors une sorte de long pilonne en bambou accroché sur le flanc de son deux roues. Je pense que ce genre d’acrobatie à vélo était assez courante car j’en ai croisé bien d’autres : certains transportaient des planches, d’autres des sacs qui étaient fixés par je ne sais par quelle technique et qui donnaient au vélo l’aspect d’un ballon dirigeable ….. Ces cyclistes étaient comme des funambules sur leurs deux roues, de vrais artistes.

Et le prodige de la synchronicité apparut à la sortie d’un petit virage : mon regard remarqua, un peu plongé dans la forêt elle-même, en toute discrétion, un hamac hospitalier tendu entre deux beaux arbres qui par leurs grandes ramures protégeaient avec leurs voisins toute la surface du sol forestier. Je croyais au début à un mirage mais je n’étais pas au bon endroit pour cela !
Je me suis donc résolu à me diriger vers cette aubaine, puis je m’y suis étendu, las de cette longue marche qui semblait n’en pas finir … je savais qu’il me fallait faire chemin inverse et je décidais donc de prendre un bon repos bien mérité avant de reprendre la route.
Le jour suivant, je décidais de louer un vélo car mes pieds avaient eu leur compte et il me fallait les ménager car je n’étais qu’au début de ce voyage ! Mais mon insatiable envie de découverte restait ardente et je ne pouvais me résigner au repos complet, l’envie de vivre et de découvrir était bien plus forte et me tirait vers le haut …. et en avant.
J’ai fait beaucoup de belles rencontres dans cette province, notamment à la guest house, avec le propriétaire lui-même, qui était entrain soit de bricoler …

…. Soit de se reposer ….


Chose surprenante, il y avait aussi un élevage de crocodiles à la guest house : cela leur fournissait un supplément financier pour subvenir à leurs besoins tout au long de l’année. Et à défaut d’un chien de garde, ces bêbêtes étaient un bon moyen de dissuasion.

Je me laisse porter dans cette ambiance tropicale et je vais de surprise en surprise.
Je suis cordialement invité par des gens du village avec qui j’ai fait connaissance en pleine rue en m’arrêtant pour discuter. J’apprécie d’aller à la rencontre d’une culture que je ne connais pas, d’autant plus que j’ai la chance de vivre l’immersion. C’est d’ailleurs de la sorte que je me sens le plus à l’aise pour apprendre et découvrir ; livres et lectures n’étant pas mes plus fidèles compagnons, je vis par le pragmatisme et l’expérience du vécu, c’est cela qui me nourrit et m’enseigne ; en ce sens, le partage de l’expérience n’a pas d’égal, et par-dessus tout, je ne suis pas influencé par la connaissance de quiconque d’autre, même si cela peut être enrichissant d’une certaine façon.
J’accepte humblement cette invitation dans leur très modeste demeure et partage avec ces gens un beau moment d’humanité. Je suis honoré d’être accueilli chez ces personnes qui ont très peu et qui pourtant savent donner et partager. Je comprends rapidement que c’est une opportunité pour eux de « voyager » et de se distraire de leur quotidien: je leur décris et raconte comment sont nos styles de vie, sans rentrer dans les détails de la frénésie de la consommation et de l’abondance à la mode occidentale car leur vie est très précaire et je préfère m’en tenir aux conditions familiales, aux relations amicales et aux activités communes, professionnelles, personnelles ou sentimentales. J’apprécie à leur juste valeur ces instants qui me rapprochent de mon essence d’être humain dans cette simplicité de vie et qui me lie à la gentillesse de ces personnes.

C’est ici que je goute pour la première fois un plat tout simple et qui ravira mes papilles à ma grande stupéfaction : les insectes ! Quelques grillons frits en gage d’apéritif. Dans ces pays asiatiques, c’est un plat courant, qui d’ailleurs est riche en protéines, en matières grasses et en fibres (à titre informatif, valeur nutritionnelle pour 100 g : protéines env. 60g, mat. Grasses env. 25g, fibres env. 6g)
Voilà en tous cas un passage obligatoire lorsqu’on se rend au Cambodge, ces sites archéologiques vous feront voyager à travers le temps pour vous transporter dans un univers qui, de toutes façons, vous happera et vous interpellera, que vous le vouliez ou non. Les lieux sont encore empreints des énergies qui ont nourries et imprégner chaque pierre des édifices, au gré des rites, des invocations et des mantras….
